Jour 3 et 4 – Tetouan – Azrou - Khenifra (460km)
En ce premier réveil marocain une grosse journée nous attends car il nous faut rattraper pas moins de 80km non parcouru la veille à cause d’une sombre histoire de langue…
Réveillé tôt après une nouvelle nuit agitée, mon cerveau encore embrumé cherche une solution à ces problèmes de bruits car après deux nuits horribles la fatigue se fait vraiment sentir, mon équilibre psychique commence vraiment à s'émousser et je doute de ma capacité à terminer de voyage sans bobos si je n'arrive pas à retrouver la quiétude de mes nuits, bref ça me casse les c*****es ! Chambre seule ? Voyage seul ? L'idée fait son chemin... Le départ se fera comme d'habitude trop tard à mon goût mais nous enquillerons sans broncher sous une pluie fine les 80km nous séparant du point de départ prévu de la journée pour arriver à 10h à Chefchaouen.
Nous resterons sur place une bonne trentaine de minutes le temps que Franck cherche sans succès un moyen de joindre sa femme.
Nous reprendrons ensuite la route pour entamer enfin le début du parcours prévu pour ce jour...enfin nous... euh... je... Je me retrouve seul au départ de la trace et attends patiemment mes compagnons de route en voyant les minutes défiler. Il arriverons 10 minutes plus tard l'un ayant pris la direction opposée
et le second ayant dû le rattraper
10h45 nous attaquerons finalement l’itinéraire initialement prévu sous un ciel noir alternant pluie fine et pluie moins fine... qui rendrons notre rythme euh, sénatorial...
Les paysages de la vallée du Rif n'en sont pas moins grandioses :
Nous rencontrons un groupe de GSiste Avignonnais avec valises et mamans dans un café (le monde est petit) où nous nous réchaufferons d'un thé à la menthe en attendant que les trombes d'eau qui s'abattent sur nous ne cessent...
La piste prévue le matin, repérée dans un CR de 2009 était devenue une route, et devant le retard accumulé tout au long de la journée la décision est prise de sacrifier la piste de l’après midi afin de rattraper notre retard et arriver comme prévu à Azrou ce soir. C'est donc fatigué, trempé, sans un rechange de sec et le moral au plus bas que cette journée se terminera pour moi... Une bonne douche et un bon tajine et demain sera un autre jour, enfin reste à solutionner ce problème de nuit... A chaque fois que je fût réveillé, c'est par un délicat hurlement du prénom du ronfleur que je pu lui faire profiter à mon tour des bienfaits d'une nuit morcellée, je dors pas plus mais au moins c'est bon pour le moral !
Le lendemain matin le ciel semble se dégager, et malgré un pantalon et des bottes encore trempés le moral est bon.
Nous parcourrons le moyen atlas sous un ciel de plus en plus bleu :
Pour enfin atteindre la première piste de notre voyage qui nous fera traverser le massif des Cèdres pour rejoindre la ville de Khenifra :
L'euphorie fût de courte durée et même de courte distance car Franck et sa svelte GS se retrouve rapidement à terre collé par la boue, mais heureusement que Jean interviendra et à force de persévérance et de patience ils finiront sous son commandement par sortir de ces 200m de bourbier...
Note : Franck m'a parlé de ce voyage lors de la manifestation de 2012 contre le port du gilet jaune, qui à dit que le motard était borné
Retour sur les motos dans ce somptueux paysage avec le haut atlas encore enneigé en toile de fond, nous repartons le cœur vaillant dévorer cette piste qui nous temps à présent les bras...
Enfin pas tout à fait, 500m plus loin, la boue à eu une nouvelle fois raison de la grosse GS ! Jean à la manœuvre démontera non sans le timide accord de Franck, cette saleté de garde boue qui entraine bourrage et blocage de la roue avant. Après une heure de lutte acharnée avec des outils pas forcément adapté, Jean foirera la 4éme et dernière vis et devra se résoudre à conserver le garde boue... synonyme de renoncement à cette piste...
Pendant que mes deux compères s'affairaient sur la GS, des berbères m'ont invité à boire le thé et à partager l'omelette, ce qui fût l'occasion de m'enquérir de l'état de la piste initialement prévue et également trouver un itinéraire bis au cas où.
- "elle est comment la piste jusque Khenifra ?"
- "li piste ? pour khiniflra ? il est pas bonne li piste.."
- "ah ? pas bonne ? euh pas bonne comment ?"
- "li pas bonne du tout, li pluie..."
- "ah... et c'est laquelle ?..." Note pour plus tard : toujours écouter les conseils de locaux...
Après discussion avec Franck et Jean c'est donc seul que je m'engagerais sur la piste prévue pour rejoindre Khenifra, car le renoncement aussi prés de l'objectif et me contenter d'un itinéraire bis n'était pour moi pas possible par respect pour ceux qui ont rendu possible ce voyage. (ils se reconnaitrons)
ITINERAIRE 1 : Moi
Les paysages défilent et le plaisir de rouler dans ces merveilleux décors m'a fait complètement oublier, jusque à ma première gamelle, un détail de poids, je suis seul, au milieu du moyen atlas, et la piste il est pas bonne, mais il en faut plus pour m’inquiéter.
Les fortes pluies des deux derniers jours ont rendu le terrain considérablement glissant et collant, et je ne tarderais pas à faire les frais de mon excès d’optimisme et d’insouciance…
Seule cette photo sera ramenée de cette galère et croyez-moi elle reflète à peine le réalité du bourbier qu'il m'a fallu traverser.
1h30 de poussette, de chute, de calage, de re chute, de cirage d'embrayage, de grattage de boue, de re chute et d'épuisement pour parcourir les... 80m les plus durs de ma vie. Je vous passe les idées noires qui traverseront mon esprit à ce moment là perdu à 2000m, hors zone de couverture GSM et voyant l'heure tourner alors que je ne suis pas équipé pour passer la nuit dehors... mais à force de courage et de pragmatisme je sortirais de cet enfer et pourrais enfin rejoindre mes deux compagnons de route !
Ah non c'est pas eux. Je poursuivrais donc jusqu'à Khenifra pour retrouver Frank et Jean au point de RDV que je leur avait fixé avant de se séparer mais à mon arrivée je n'ai trouvé personne...
ITINERAIRE BIS : Franck et Jean
De leur côté le paysages n'était pas dégeux non plus :
Arrêté sur le bord de la route pour prendre des photos un Marocain viendra alerter Frank :
-"ton pote il i tombé !"
C'est là que Frank retrouvera notre ami Jean débout à côté de sa moto bien amochée se relevant à peine de la chute provoquée par la collision avec cette chèvre. Ils seront ensuite invités chez un Marocain (de Montpellier) à boire le thé pour permettre à Jean de retrouver ses esprits.
C'est donc à 19h qu'il me rejoindrons au point de RDV plus de 4h après que nous nous sommes quittés...
A suivre...